Question-Réponse n° 15

Quelles tolérances envers la famille non-musulmane d’un mayyat ‘converti’ ?

Question d’une sœur chezdeenaute de Drancy (93) : “Je souhaite vous demander les précisions suivantes : Dans l’éventualité d’un mayyat d’une dame convertie. Que faire, face aux éventuelles demandes des membres non-musulmans de sa famille, en terme de toucher ou porter le cercueil, voire l’embrasser sur le front etc. surtout quand on connaît les règles strictes du ‘murdah’ (défunt) lors de l’après-ghussal et l’après-kafann, jusqu’au dafann (enterrement) ?”

Réponse : Question fort intéressante et merci de nous donner toute votre attention à ce qui suit :

En temps normal, lors d’un mayyat complètement-musulman (en arabe “Kaaffat-il-Muslim”, en urdu “Pakka-Musalmaan”, les règles strictes sont que : Nul musulman n’a le droit d’approcher ou de toucher le corps (badann) ou le cercueil (janaazah) d’un mayyat, si cette personne n’est pas propre [‘twahârat’ (propreté) liée au ghusal & wazu]. Encore moins un non-musulman, au nom de cette règle (maslâ) dite du ‘Twahhârat’.

Mais dans les cas particuliers, similaires à ce que vous citez, c’est-à-dire dans les familles mixtes, dit en islam “ ‘Aa-ilal-Mukhtalit”, des tolérances (“Tasaamih”) sont faites exceptionnellement envers les membres non-musulmans de la famille du défunt, donc les proches-parentés [qurbah] (enfants, parents ou toutes personnes proches au défunt). Ils seront tolérés à toucher ou porter le cercueil et même l’embrasser symboliquement sur le front (comme cela est fait par ailleurs chez les non-musulmans), sous réserve de précautions et de surveillance des responsables du mayyat.

Cette tolérance islamique envers ces proches-parentés, se justifie par les liens-du-sang (au sein d’une famille, même mixte) considérés comme sacrés en islam et Allah ta’âlâ le précise dans le saint-Coran en ces termes : “Et craignez Allah Celui que vous implorez les uns les autres et ne rompez pas les liens du sang” [sourah 4, verset 1 partiel]

Dans la pratique, les conduites à tenir lors d’un mayyat d’un(e) converti(e) [Tahwîl] est la suivante : L’essentiel est le que défunt ait son ghusal (bain-mortuaire), son kafann (linceul), son Namâz-é-Janâzah (Prière-du-Cercueil) et dafann (inhumation), le tout en bonne et dû forme. Les tolérances envers les non-musulmans proches-parentés de la famille du défunt sont :

Ils seront tolérés (sur leurs demandes et non en les appelant à le faire), à approcher le corps ou le cercueil, rester en sa présence lors des veillées, même porter le cercueil par la suite pour les hommes (s’ils le souhaitent). En ce qui concerne la bise symbolique sur le front, on leur autorisera à le faire (s’il le demande) en favorisant le moment de l’avant-ghusal plutôt que de l’après-ghusal. Ils peuvent le faire après le ghusal, mais les responsables du mayyat doivent veiller à ce que les larmes ne déversent pas sur le mayyat et que leur recueillement ne soit pas de manière lamentée. Par la suite, au cours de la marche funèbre (porter le janâzah) et lors du dafann ils doivent adopter une conduite respectable similaire aux musulmans présents. Le tout bien-entendu dans un état vestimentaire décent.