musaafirr

Lorsqu’on est sédentairement chez soi dans sa localité de résidence, on est appelé “Muqîm” (local, sédentaire). Par localité de résidence, entendez l’endroit où une personne réside avec sa famille et ses biens, bref son foyer, cette localité est appelée “Watan-al-Asli” (Pays-de-base).

Et lorsqu’on se déplace (voyage [safarr]) et s’éloignant géographiquement d’une distance dite de 3 ‘manzils’, environ 57¼ miles, soit environ 77 kilomètres et au-delà, avec l’intention d’y rester moins de 15 jours, on devient “Musâfirr” (voyageur). Si l’intention de départ (du lieu initial “Watan-al-Asli”) est d’y rester 15 jours ou plus à l’endroit éloigné, on n’est pas musâfir, donc on reste muqîm.

Tout comme une personne qui voyagerait de lieu en lieu, pour moins de 77 kms à chaque fois, elle ne sera jamais musâfirr, même en parcourant le monde de cette façon.

Ceci dit, selon le Shari’at (loi islamique), lorsqu’on est ou l’on devient ‘Musâfirr’ (distance et durée explicitées ci-dessus), on est assujetti à un certain nombre de règles (masâil) vis-à-vis du deen.

La première condition relève du Namâz (swalât) : Le musâfirr est tenu d’écourter les 4-raka’âts faraz en 2-raka’âts pour les namâzs Zohar, ‘Assar et ‘Ishâ. Les autres namâzs (Fajar, Maghrib et Witr) restent inchangés.

Si par oubli ou par erreur, les quatre raka’âts sont effectués pour les faraz des namazs concernés (Zohar, ‘Assar et ‘Ishâ), les deux premier raka’âts seront considérés comme faraz et les deux derniers comptés comme nafils. Et doit en plus être complété par un “Sajdah-sahou” (prosternation-corrigée). En cas d’omission du ‘sajdah-sahou’, le namâz doit être refait, si le temps le permet.

 

Intercommunalité Muqîm / Musâfirr :

1-  Une personne demeurera un musâfirr (en faisant 2-raka’âts pour 4-raka’âts faraz) tant qu’elle ne fasse pas l’intention de rester à cet endroit pour 15 jours au plus.

2-  L’endroit où elle effectue cette intention est appelé “Watan-al-Iqâmah”. Elle doit donc effectuer les 4-raka’âts dès cet endroit (comme un non-musâfirr, donc muqîm).

3-  Si l’intention est faite durant le namâz, elle fera les 4-raka’âts comme un muqîm.

À partir de ces principes, 2 cas de figures se posent :

A-  Une personne s’arrête dans un endroit pour 2 ou 3 jours. Et dû à certaines circonstances, tous les jours elle fait l’intention de quitter l’endroit le lendemain, mais n’y arrive pas. Et de cette façon, 15, 20 jours passent, même 1 mois sans que cette personne, à aucun moment, ait l’intention d’y rester pour 15 jours ou plus, elle demeurera un musâfirr, peu importe le nombre de jours qu’elle y résidera.

B- Une personne fait l’intention de rester dans un endroit pour 10 jours. Mais au bout de 7 jours, décide de repousser son séjour de 10 jours additionnels (qui fera de séjour un total de 20 jours). Dans ce cas précis, elle demeurera un musâfirr. Ceci est dû qu’au moment où elle a décidé de rester 10 jours de plus, 13 jours étaient encore restants sur le total des 20 jours escomptés. Donc, à aucun moment elle n’a fait l’intention de résider pour 15 jours. En d’autres mots, 15-jours sont considérés au moment où elle a changé d’intention et non à partir du début du séjour.

4-  L’intention de rester 15 jours doit être pour résider 15 jours pleins à un seul endroit. Si une personne fait l’intention de rester 15 jours à deux endroits différents, et que la distance entre ces 2 endroits ne permet pas d’entendre le Azân (appel à la prière) de l’un par rapport à l’autre, elle sera considérée comme musâfirr dans les deux endroits.

Par exemple, si une personne fait l’intention de rester 10 jours à Makkah et 5 jours à Minâ, elle sera musâfirr aux deux endroits, Makkah et Minâ.

Donc un pèlerin (hâji) qui arriverait à Makkah pour moins de 15 jours avant le 8 Zil-Hijjah (début du Hajj) sera considéré comme un musâfirr. Alors que s’il arrive à Makkah pour 15 jours ou plus avant le 8 Zil-Hijjah, il sera considéré comme muqîm à la fois à Makkah et Minâ.

5-  Dans le cas plus haut [n°4], si la personne fait l’intention de rester les 15 jours dans un même endroit, elle sera donc un muqîm à cet endroit.

6-  Si la distance est si proche que les Azân des deux lieux peuvent être entendu, les deux lieux seront considérés comme un seul endroit. La personne sera muqîm aux deux lieux en ayant l’intention d’y rester pour 15 jours.

7-  Après être devenue muqîm (en ayant l’intention ferme de rester 15 jours à un endroit), si la personne change d’intention et décide de quitter le lieu avant les 15 jours, elle ne deviendra pas musâfirr (elle restera donc muqîm).

8-  Lorsqu’elle quitte avec l’intention de voyager à un autre endroit d’une distance de 77 kms ou plus, à ce moment-là deviendra musâfirr. Si l’endroit est moins de 77 kms, elle ne sera pas musâfirr.

 

Les autres namâzs lors d’un voyage :

1-  Les namâzs Sunnat ne doivent pas être négligés durant le voyage. Cependant, si un musâfirr est pressé, à part du sunnat de Fajar, il pourra omettre les autres namâzs sunnats. Mais s’il n’est pas pressé et que s’il ne craint pas d’être laissé en arrière par ses compagnons de voyage, il doit alors effectuer tous les namâzs sunnats.

2-  Il n’y a pas de réduction du nombre de raka’âts pour les namâzs sunnats. Seuls les faraz à quatre raka’âts y sont concernés.

3-  Les namâzs sunnats et nafils peuvent être accomplis dans un véhicule en marche s’il est hors de la ville. Ces namâzs doivent être commencés en direction du qiblah. Mais si après le véhicule tourne en se déviant du qiblah, le namâz peut être poursuivi sans changer de direction.

4-  Le namâz Witr est par essence Wâjib, donc doit être accompli durant le voyage à l’instar des farazs. En cas de ratage, le qazâ doit être fait.

5-  Les qazâs des namâzs ratés durant un voyage doivent être fait en réduits (2-raka’âts faraz au lieu de 4) pour les Zohar, ‘Assar et ‘Ishâ. Ceci s’applique même si le qazâ est fait une fois de retour à la maison ou en tant que muqîm dans un autre endroit (ailleurs).

6-  Tout namaz faraz manqué avant d’entamer un voyage, si le qazâ est fait durant le voyage, doit être effectué en entier, c’est-à-dire non-réduit (4-raka’âts), comme Muqîm.

Le principe dans les règles 5 et 6 ci-dessous est que la condition d’une personne, quoique musâfirr ou muqîm, est considérée au moment effectif du namâz, en fonction duquel le qazâ sera déterminé.

 

Localité de résidence (Watan al-Asli) :

Par définition, le lieu-de-résidence d’une personne est celui où il réside avec sa famille et ses biens, considéré comme résidence principale, sans intention de déménager.

1-  Aussitôt retourné dans sa localité de résidence, le musâfirr redevient un muqîm, quel que soit l’intention de la durée de son séjour, 15 jours ou pas.

2-  Cela s’applique également si au cours d’un déplacement, il repasse par sa localité de résidence, il redeviendra immédiatement un muqîm. Mais s’il ne fait que contourner les limites de sa localité sans y pénétrer, il demeurera donc un musâfirr.

3-  Si une personne déménage pour s’établir dans une autre localité de manière permanente, alors ce nouveau lieu deviendra sa localité-de-résidence. Ce qui voudra dire que la localité initiale ne le sera plus.

 

Règlements concernant les Dames :

1-  Si une femme débute un voyage dans un état de “Haÿz” (menstruations), la distance qu’elle aura parcouru dans cet état (haÿz) ne sera compté comme dans le Safarr (voyage). De surcroit, si son haÿz continue jusqu’à sa destination, elle ne sera donc pas considérée comme musâfirr.

En revanche, si au cours de son voyage, elle redevient pure (fin des règles), et qu’il reste toujours 77kms ou plus à parcourir, elle deviendra musâfirr.

2-  Si, en quittant son domicile, elle était pure et que son haÿz débute durant le voyage, alors elle deviendra musâfirr.

3-  La localité-de-résidence (Watan-al-Asli) d’une femme qui commence à vivre avec son mari après un mariage (nikâh) deviendra celle de son mari. Sa résidence initiale (où elle vivait avec son mari) ne sera plus son Watan-al-Asli.

4-  C’est un péché-majeur (gunah-é-kabîrah) qu’une femme voyage plus de 77kms sans son mari ou un mahram bâligh (pubère). En somme, elle ne doit même pas voyager moins de 77kms sans mari ou mahram.

Cette loi s’applique également aux voyages de Hajj et/ou Umrah. Elle doit voyager avec son mari ou mahram.

5-  Il n’est aussi pas permise pour une femme de voyager avec un mahram qui ne craint pas Allah (donc pas ‘deendârr) ou qui ne suit pas le Shari’at.

6-  Le mahram ou ‘waliy’ qui accompagne une femme doit être à la hauteur d’un waliy en termes de comportement au regard de la chasteté et l’honneur de cette femme.

 

Règlements concernant le namâz effectué en transport (train, navire, avion, etc.) :

1-  Les namâzs Faraz (obligatoire) doivent être effectués en posture debout dans les transports précités en mouvement.

2-  Si une personne se sent étourdie (ayant le tournis) pour le namâz debout, par peur de tomber, pourra donc l’effectuer en position assise.

3-  Le namâzi doit faire face au qiblah lors de namâz dans les véhicules en mouvement.

4-  Si le véhicule en mouvement tourne et que le qiblah change, le namâzi doit tourner aussi durant ses namâzs faraz pour suivre le qiblah.

5-  Si une personne fait le namâz et que le véhicule qui contient ses biens ou sa famille, est sur le point de démarrer, il lui sera permis d’interrompre son namâz, qui pourra être refait à postériori.

 

Namâz avec jama’at (congrégation) :

1-  Dans la mesure du possible, les namâzs doivent être effectué en jama’at lors d’un voyage.

2-  Un muqîm (résident ou non-musâfirr) peut suivre un imâm qui lui est musâfirr, que les namâzs soient Adha (heure valide) ou Qazâ (remplacement).

3-  Dans le cas précité, lorsque l’Imâm musâfirr termine son namâz aux 2-raka’ats, le muqdati (suiveur) muqîm doit se mettre debout au qiyâm (posture debout de namâz) pour compléter son namâz (jusqu’aux 4-raka’ats). Alors il ne devra pas lire de qirât (lecture) mais devra surtout rester silencieux durant la durée de temps du soûrah al-Fâtihah.

4-  Lorsque l’Imâm musâfirr fait son salâm, il est préférable pour lui d’informer ses suiveurs (muqtadis) qu’il est musâfirr. Il est recommandé (mustahab) pour lui de les prévenir avant de débuter la namâz.

5-  Un musâfirr peut aussi suivre un Imâm muqîm pour les namâzs Adha (plage horaire valide). Si le temps est révolu, pour les namâzs qazâ, il pourra suivre l’Imâm pour les namâzs Fajar ou Maghrib, mais pas pour les namâzs Zohar, ‘Assar et ‘Ishâ.

 

Les rozâ (jeûne) d’un musâfirr :

1-  Un musâfirr peut s’abstenir de jeûner lors d’un voyage. Malgré qu’il soit plus méritoire pour lui de jeûner si le voyage n’est pas difficille (pénible). Il faudra à postériori remplacer les jours de jeûne manqués.

2-  Si un musâfirr qui ne jeûnait pas durant le Ramadwân, devient muqîm, soit en retournant à la maison (résidence) soit en décidant de rester dans un endroit pour 15 jours ou plus, il doit alors s’abstenir de manger/boire durant le reste de la journée. Alors que le qazâ devra être effectué pour ce jour-là.

3-  S’il n’a rien mangé depuis l’heure du Sehri, alors il pourra faire l’intention de jeûner si c’est avant le “ad-Dahwah al-Kubra” (environ une heure avant le Zawwâl [zénith]), dans ce cas le rozâ (jeûne) sera valide (compté) et ne devra donc pas être remplacé. Mais après ce moment (dit du “ad-Dahwah al-Kubra”), il ne pourra plus faire l’intention (niyyat) du jeûne, mais devra tout-de-même s’abstenir de jeûner durant le reste de la journée. Et le qazâ de ce jour sera à être effectué ultérieurement.

4-  Si un muqîm qui jeûnait, entame un voyage, il devra continuer (maintenir) son rozâ. Il ne doit pas l’interrompre.

 

Règlements (masâïl) divers :

1-  Si une personne quitte son domicile avec l’intention de voyager plus de 77kms, mais après avoir voyagé moins de 77kms, change d’avis et décide revenir à la maison. Donc, à partir du moment où il décide de rebrousser chemin, il ne sera plus un musâfirr.

2-  Lors d’un voyage, il est recommandé de faire le Azân et il est sunnat de faire l’iqâmat.

3-  Si une personne accomplit le sajdah (prosternantion) sur une surface faite de paille, coton ou laine, elle devra appuyer son front fermement jusqu’à un point où elle ne peut aller plus loin. Si elle ne l’appuie pas fermement et fais donc un sajdah léger, ce sajdah ne sera pas valide. Cela s’applique également pour les sajdahs sur l’herbe.

4-  Durant le namâz, il est makrouh (déconseillé) de retenir ses vêtements pour qu’ils ne soient pas en contact avec le sol.

5-  Durant un voyage, lors de namâz, après avoir lu le soûrah al-Fâtihah, tout autre soûrah peut être lu.

6-  Durant un voyage, le namâz-é-Jummah, namâz-é-‘Eîd et qurbâni ne sont pas obligatoires sur un musâfirr. Mais cependant, s’ils sont faits, ils seront à fortes récompenses.