Qurbaani

Signification

Le mot urdu et perse “qurbaani” vient du mot arabe “qurbaan” et aussi “qurbiyyah” qui signifie “Sacrifice” ou encore “Se sacrifier”. On parle aussi en arabe du mot “Tadw’hiyah” ou “Udw’hiya” lorsqu’on évoque le sacrifice d’Abraham. À son tour, le mot ‘qurbiyyah’ est dérivé du mot “qariib” qui signifie “Se rapprocher” ou encore “Devenir proche”. Donc cela veut dire, que tout sacrifice fait pour la cause divine (d’Allah) a pour effet qu’il nous rapproche d’Allah ta’ala.

L’acte dit du ‘Qurbâni’ est donc l’imitation du sacrifice d’Abraham, en sacrifiant un animal du type mouton, en l’égorgeant (zab’ha). Le qurbâni se fait le jour de la fête de la ‘Eid-ul-Adha, communément appelé en France, par les maghrébins, la “fête-du-mouton”.

Le sacrifice du prophète Ibrâhîm [a.s]

Un soir, le Prophète Hazrat Ibrâhîm (a.s) [le Prophète Abraham] reçut l’ordre d’Allah ta’ala de sacrifier dans le chemin d’Allah, son fils Isma’ïl (a.s), qu’il aimait par dessus tout. Hazrat Ibrâhîm (a.s) était un grand prophète et patriarche. Les rêves des prophètes sont significatifs et ne sont pas comme les nôtres. Il était l’Ami-intime d’Allah (khaliilullaah). Il aimait son créateur Allah ta’ala plus que tout et était prêt à offrir son fils bien-aimé qu’il aimait tant, puisqu’il l’avait eu à un âge très avancé.

Les vrais sacrifices sont ceux dont vous sacrifiez les choses qui vous sont les plus chers et affectionnés, tout comme Allah ta’ala nous le précise dans le saint Coran : «Vous n’atteindriez la (vraie) piété que si vous faites largesses de ce que vous chérissez. Tout ce dont vous faites largesses, Allah le sait certainement bien» [sourah 3, verset 92]

Le prophète Hazrat Ibrâhîm (a.s) était non seulement prêt à offrir son fils en sacrifice, mais voulait que son fils lui-même veuille bien s’offrir dans le chemin d’Allah.

Alors il s’adressa à son fils et lui dit “Ô mon fils, je me suis vu en songe, t’offrir en sacrifice à Allah ta’ala, qu’est-ce que tu en penses ?” et son fils Ismaïl de répondre : “Faites comme il vous a été ordonné, insha-Allah, vous me verrez parmi ceux qui ont de la patience et la fidélité”. C’est ainsi que le prophète Hazrat Ibrâhîm (a.s) passa le couteau sur la gorge de son fils, à Minâ près de Makkah-sharîf (La Mecque). Même les anges furent étonnés de cette action émouvante du père qui s’apprêtait à sacrifier son fils, comme témoignage de sa foi et sa soumission à son créateur et les anges commencèrent à célébrer les louanges à Allah ta’ala et les valeurs de la relation père-fils.

Et Allah ta’ala avait voulu démontrer au monde qu’il avait en fait, éprouvé la foi (îmân) de Hazrat Ibrâhîm (a.s) et son fils et ces derniers étaient sortis victorieux de cette épreuve. Au moment où Hazrat Ibrâhîm (a.s) allait passer le couteau sur la gorge de son fils, Allah ta’ala a envoyé le chef de ses anges, Hazrat Jibraïl [l’archange Gabriel] (a.s) avec un agneau pour égorger à la place de Hazrat Isma’ïl (a.s) qu’il avait choisi comme ancêtre du chef des prophètes, Hazrat Muhammad Mustapha [s.a.w.].

C’est ainsi qu’Allah ta’ala ordonna à son bien-aimé Prophète Muhammad [s.a.w.]  d’instituer à son peuple (ummah), pour ceux qui en ont les moyens, d’offrir annuellement le sacrifice d’un animal, en souvenir du sacrifice du Prophète Hazrat Ibrâhîm (a.s), communément appelé le Qurbâni.

Le caractère obligatoire du Qurbaani

Il est waajib (degré d’obligation/nécessaire) sur tout musulman “swâhibé-nisaab” (“mâliké-nisaab”), c’est à dire ceux qui sont assujettis à la Zakât annuelle, d’offrir une part de qurbâni tous les ans à l’occasion de l’Eid-ul-Adha.

Un “petit” animal tel que mouton, bouc, cabri, agneau, comporte une part. Un “gros” animal tel que bœuf, taureau, chameau, comporte sept (7) parts.

Le but du Qurbaani

L’objectif du qurbâni est non seulement de célébrer le sacrifice du prophète Hazrat Ibrâhîm (a.s), mais aussi et entre autres, de nourrir les pauvres et les plus démunis.

Les hadîths nous enseignent que lorsque le qurbâni est offert avec sincérité, avant même que le sang de l’animal ne touche le sol, Allah ta’ala fait qaboûl (accepte) l’acte de la part du croyant par rapport à son intention sincère et sa foi. L’effet de cette bénédiction est qu’Allah ta’ala éloigne la personne (et toute sa famille) des malheurs et calamités.

Les règles du Qurbaani

L’animal à sacrifier doit être majeur, en bonne santé, sans aucun défaut ou maladie, même sans aucune blessure. Il doit être égorgé [zabha]) correctement selon le rite islamique habituel c’est à dire le cou l’animal en direction du Qiblah et prononcer la formule « Bismillaah, Allaahu akbar » (Au nom d’Allah, Allah est grand) au moment de l’égorgement.

Celui qui immolera l’animal doit être en état de propreté rituelle (ghusal et wazou) comme pour tout ‘ibaadat. Il devra aussi lire préalablement le niyyat du qurbaani, en citant les noms des gens qui offrent le qurbâni.

Le qurbaani peut être offert dans le pays où l’on se trouve tout comme on peut le faire faire ailleurs (un autre pays) pourvue qu’il soit effectivement offert, mais le faire avec ses mains et dans son propre pays est plus bénéfique (barakat) et que la part qui en revient aux pauvres aille bien vers les pauvres.

Le niyyat et la lecture pour le Qurbaani

C’est la personne qui égorgera l’animal qui doit lire les du’as d’immolation ainsi que le niyyat. Une fois que l’animal est prêt, cou en direction de la ka’bah (qiblah), on doit lire le verset du saint Coran (sourate 6, verset 79) suivant : «Innii wajjahtu waj’hiya lillazii fatwaras-samaawaati wal ardwa haniifanw-wa maa anaa minal mushrikiin» (comme le du’a qui précède le namaz), traduction : « Je tourne mon visage vers celui qui a créé les cieux et la terre. Je suis de croyance pure et non pas un idolâtre».

Ensuite, il lit le niyyat comme suit «Allaahumma haazihi qurbiyyatu fulaanin ………(préciser ici le ou les noms de la ou des personnes qui offrent le qurbaani)………damuhaa bidamihi, wa lahmuha bilahmihi, wa sha’ruha bisha’rihi, wa jilduhaa bijildihi, wa ‘azwmuhaa bi’azwmihi », traduction : « Ô Allah ce sacrifice est de la part de…(d’un tel ou de telles personnes) ». Même si ce du’a du Qurbaani n’est pas lu, l’intention intérieure de celui qui offre le sacrifice suffira tout-de-même, mais lire les du’as en arabe, la langue institutionnel de l’Islam est un ‘ibâdat en soi.

Il poursuit avec les versets du saint Coran (sourate 6, versets 162-163) suivant : «Inna swalaatii wanusukii wamahyaaya wamamaatii lillaahi rabbil ‘aalamiin. La shriika lahu wa bizaalika umirtu wa anaa awwalul muslimiin» et enchaîne avec «Allaahumma minka wa laka. Bismillaah Allaahu akbar». L’égorgement de l’animal se fait au moment de la lecture de «Bismillaah Allaahu akbar».

Traduction : «Certainement mes prières (namâzs), mes sacrifices, ma vie et ma mort appartiennent à Allah Seigneur des mondes. À lui je n’associe personne, à lui mon obéissance et je suis le premier de ceux qui se soumettent» «Ô Allah, ce qui vient de toi est à toi. Au nom d’Allah, Allah est grand».

duaqurbani

Après que l’animal ait poussé son dernier souffle, lire ce du’a : «Allaahumma taqabbalhu minnaa kamaa taqabbalta min habiibika Muhammadinw-wa khaliilika Ibrahiima ‘alaïhimas-swalaatu was-salaam» qui se traduit ainsi : « Ô Allah, accepte ceci de notre part, tout comme tu l’as accepté de la part de ton bien-aimé Muhammad  et ton ami Ibrâhîm, Paix soit sur eux deux ». Ce du’a peut être lu aussi lors des Fatéhâhs à l’occasion qu’on ait accompli le qurbâni.

À noter que la procédure de l’égorgement précisée ici est le bon exemple à suivre pour les égorgements (zab’ha) en temps normal. Il suffira juste de modifier le niyyat précité. Pour ce qui concerne un ‘aqîqâ, il suffira de remplacer, dans le niyyat, le mot “qurbiyyatu” par le «‘aqiiqatu».

Le partage de la viande du Qurbaani

Selon les massâïl (règles), on peut disposer comme on veut la viande provenant du qurbaani, mais il est fortement conseillé quelle soit divisée en trois parties (portions/tiers) :

La première partie peut être réservée pour la consommation à la maison (pourquoi pas en vue d’un festin familial ?).

La deuxième partie peut être réservée pour la distribution aux proches (membres de sa famille et/ou des connaissances).

La troisième partie DOIT être donnée aux pauvres ou orphelins ou nécessiteux. Il est bon de rappeler aux musulmans que, au minimum le tiers de la viande du qurbaani doit être offert aux pauvres. Donc, une attention particulière doit être faite pour ne pas en donner moins que le tiers.

Il y a des gens qui négligent de donner la part (du tiers minimum) aux pauvres, prétextant qu’on a le droit d’en disposer comme on veut. Ainsi ils utilisent hélas la viande autrement, notamment envers ceux qui en temps normal disposent de viande tout au long de l’année. Ces gens-là oublient que le qurbâni comme le ‘aqîqah en Islam est un acte de charité (swadaqah). Et si les pauvres et nécessiteux n’en profitent pas, cela va à l’encontre des principes fondamentaux du deen et ces gens négligeants en perdent les bénédictions (barakat).

Pour avoir les récompenses (thawaabs) réservées au qurbani, il est nécessaire d’en offrir aux pauvres musulmans. Cependant, on peut bien entendu, donner aux pauvres non musulmans, sans l’intention de récolter des récompenses du qurbaani, mais au nom de l’humanitaire, en donation (khaÿrât). L’Islam est aussi et avant tout un mode vie d’exemple humanitaire.

Soulignons aussi que la viande provenant du qurbaani est sacrée, c’est à dire, a plus de valeur que celle de tous les jours en provenance des boucheries, car il a été fait en souvenir de ces prophètes, en l’occurrence Hazrat Ibrâhîm (a.s) et Hazrat Ismâ’ïl (a.s.).

Que nous fassions le qurbâni en concordance avec les règles du deen et qu’Allah accepte nos gestes et ‘ibâdats. Âmîn !