Question-Réponse n° 212

Est-ce que la musique est permise en Islam ?

Question d’un jeune homme de La Courneuve (93) : “Est-ce que selon la loi islamique ou en général pour un musulman on a le droit d’écouter de la musique genre rap, r&b etc. ?”

Réponse : Votre question est d’un grand intérêt collectif, surtout à notre époque où les amusements sont partout et les musiques, monnaie courante. Ce sujet est aussi assimilé aux chants.

Avant de détailler le sujet, sachez que globalement, à la lumière du Qur’aan et les hadîths : La musique, lorsqu’elle est du type amusement (“shaÿtâniyat”) et/ou elle nous détourne de nos devoirs envers Allah ta’ala, est interdite en Islam. Il en est de même pour les chants (hormis une certaine catégorie de chants religieux du type qasîdah, qui sont de toute façon sans musique et sont lus avec respect sur fond religieux)

Les styles de musique que vous citez (rap, rn’b, etc.) sont considérés comme appartenant à cette catégorie (amusement), donc déconseillés.

Il y a certains types de musique et de chants au sujet desquels il y a unanimité entre les savants des quatre “mazhabs” (écoles de pensée) sur leur interdiction (il est à noter que le mot employé par les juristes sur ce point pour désigner l’interdiction est bien “Harâm” et non pas “Makrouh”). Ils sont :

– Tout chant n’ayant pas d’autre cadre et objectif que la distraction et le divertissement, sans aucun but acceptable au niveau religieux ou mondain est interdit, qu’il soit accompagné de musique ou non.

– L’emploi d’instruments crées uniquement dans un but musical et n’ayant pas
d’autres fonctions est interdit, qu’il soit accompagné de chants ou non.

– Tout chant ou musique conduisant à la négligence ou manquement à l’égard des devoirs religieux (‘ibâdats) et/ou conduisant au péché est interdit.

– De faire carrière dans la musique et la chanson.

Il y a donc unanimité entre les savants musulmans sur l’interdiction de ces quatre formes de musique et de chants. Les Hadiths qui interdisent la musique s’appliquent donc à ces quatre éléments.

Il existe d’autres types de musique au sujet desquels il y a unanimité des savants sur leur caractère licite. Ils sont :

– Le chant de celui qui affine sa voix et l’embellit légèrement et de façon naturelle, sans s’efforcer de suivre les rythmes musicaux, et donc d’imiter les chanteurs, à condition que cela ne soit pas seulement par distraction et divertissement. Il faut que le chant soit motivé par une raison valable: comme le fait d’éloigner un sentiment de solitude, pour faciliter un long voyage, pour se donner du courage quand on fait un travail éprouvant, pour endormir un enfant, pour exciter sa monture, pour éloigner sa déprime, à condition également que les paroles prononcées ne contiennent rien d’interdit et à condition que l’on n’en fasse pas une habitude. Ce type de chants est tout à fait permis (jâïz).

– Il est également permis d’accompagner ces chants par le “daff” [ou ‘duff’] (qui, rappelons-le, n’est pas un instrument purement musical), en certaines occasions spéciales, comme les mariages, les occasions joyeuses, les jours de fête etc.

– Il y a là aussi unanimité entre les savants musulmans sur le caractère licite de ces deux choses, comme le rappelle également l’Imâm Ghazâli (r.a.) dans son ouvrage “al-Ihyâ”. Les Hadiths qui autorisent les chants s’appliquent donc à ces deux éléments.

Enfin, il existe certains points sur lesquels les avis des savants divergent:

– L’emploi du “daff” dans des occasions autres que celles mentionnées ci-dessus.

– L’emploi du “daff” auquel sont attachées des clochettes.

– L’emploi du “Qazhîb” (des baguettes de tambour) lors d’un mariage ou autre

– L’emploi des autres choses qui ne sont pas des instruments purement musicaux et qui ne produisent pas de sons mélodieux (“Mutribah”) tant qu’ils ne sont pas accompagnés par des chants. Exemples : le frappement des mains, le battement sur une jarre etc. D’après certains savants de l’école shâféite (comme Al-Ghazâli r.a.), ces choses sont permises ; la majorité des savants des quatre écoles cependant les considèrent comme “Makrouh” (déconseillé, blâmable).

Conclusion : Toute musique ou chant, de tendance ‘java’ ou extrême amusement et/ou qui nous fait oublier ou négliger les ‘ibaadats d’Allah ta’ala sont interdits.

L’Islam est un mode de vie équilibré qui consiste en une conduite pour le succès dans ce monde (dunyâ) et l’au-delà (âkhirat), doublé d’une dimension spirituelle. Il nous apprend à ne pas suivre le mal (satan) et à combattre nos “nafs” (passions illicites), ces passions qui trop souvent, prennent le devant…