Question-Réponse n° 256

Comment faire ses wazîfahs sans être dérangé par son entourage ?

Question d’une sœur de Pontault-Combault (77) : “Peut-on être dérangé quand on est en train de faire un wazifah ? Par exemple, on a un wazifa qui dure 1 heure et qu’il y a une visite imprévue de la famille. Peut-on interrompre ce wazifah pour faire Salaam à la personne ? Dans le cas ou l’on ne peut pas interrompre ce wazifah, quel motif peut-on donner pour que la personne ne soit pas vexée ? Je fais souvent des wazifas et surtout quand je les fais le week-end, cela pose problème…”

Réponse : Il est rare de voir des questions qui ne traitent pas directement un sujet mais de ce qui tourne autour sans en enlever son intérêt, voyons maintenant les détails des explications qui suivent.

Avant tout, un acte d’adoration (‘ibaadat) est surtout une communion entre 2 parties, une créature et son Créateur. La discrétion (par rapport aux autres éléments extérieurs) est de rigueur. Selon l’Islam, les actes de prières sont considérés comme la racine de l’équilibre de l’être humain. Allah ta’ala stipule en ces termes : “Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils m’adorent” [sourah 51, verset 56].

En somme on trouve exemple de cette idéologie de discrétion en d’autres occasions : Un hadîth, conté pendant le Ramadwân, sur le roza (jeûne) stipule que c’est le seul ‘ibâdat que lorsqu’on le fait, nul ne peut savoir si on est vraiment roza ou non, même si on nous voit, Allah aime ce dévouement ‘secret’. L’autre ‘ibâdat qu’est l’I’tikaaf, cette retraite spirituelle, se fait ‘quasi-caché’ en ‘daérah’, ce coin dans lequel on s’isole pour se consacrer aux actes d’adoration.

Venons maintenant aux situations de votre cas concret : A l’époque de nos grands-parents, voire arrière grands-parents, il y avait un ‘coin’ à la maison réservé aux ‘ibaadats, appelé “ibaadat-khana”, c’était soit une chambrette pour ceux qui disposaient d’une grande maison ou un coin paisible barré d’un rideau comme le fameux ‘daérah’ de l’itikaaf. Si on a cette disposition à la maison et lorsqu’on s’y trouve, les gens savent qu’il ne faut pas déranger. A l’époque, des cas de mayyat (décès) où les gens qui mourraient à domicile, il était même un grand honneur lorsque ces gens mourraient dans leur ‘ibâdat-khana au lieu du décès ‘classique’ de finir dans son lit.

Par ailleurs, il faut que les gens (des 2 côtés, ceux qui font les wazîfahs et l’entourage) aient un minimum de bonne conduite. D’abord, lorsqu’on fait un ‘ibâdat, on s’isole pour la concentration et la méditation, ainsi les autres comprennent qu’il ne faut pas déranger ou importuner.

Si on arrive ‘intempestivement’ à avoir de la visite, on est en devoir de considérer ses visiteurs (les habitués de la maison savent qu’il y a des gens en ‘ibâdat, mais pas forcément les autres). On ne peut pas non plus délaisser ses visiteurs au nom de l’ibâdat d’Allah, des gens peuvent venir nous solliciter (sans abus de leur part) et les considérer est aussi comme un ‘ibâdat. En sus, leur faire le ‘Salaam’ est un grand acte d’ibâdat parmi tant d’autres.

On trouve aussi des personnes (souvent des Imaams) qui, un tasbîh à la main, n’arrêtent pas leur wazîfah tout en parlant ou écoutant les autres, on peut voir ainsi leur bouche chuchotant leur lecture tout en soit disant rester à l’écoute. Sauf si c’est une personne hautement spirituelle (grand ‘aalim ou autre soufi), ceci demeure une mauvaise manière, parce qu’on ne peut pas avoir un rapport avec les gens tout en maintenant sa lecture pour Allah, cela peut être un manque de respect (bé-adbi) envers à la fois la personne en face et le ‘ibâdat. Un chasseur ne peut pas courir après 2 lièvres à la fois… On respecte ses interlocuteurs en les considérant entièrement et on respecte l’ibâdat en se consacrant entièrement à Allah ta’ala.

Parallèlement, les gens de l’entourage doivent aussi soigner leur éducation envers les personnes habituées aux ‘ibâdats. On ne dérange pas les gens (sans raison valable) dans les heures de namaaz connues, surtout dans leur maison. Ou quand on est chez des gens habitués aux ‘ibâdats, on se fait respectueux et discret, à la fois pour les gens et les ‘ibâdats. Au téléphone, on ne dit pas « untel fait le Namaaz », on ne dévoile pas les actes d’ibâdats, on dit « Untel est occupé… », on reste discret sur le spirituel.

Pour les wazîfahs et autres ‘amal qui sont prenant, au point de vue temps ou concentration, on s’isole pour cela. Mais en général, dans ses moments d’ibâdat, on se fait discret. On ne peut pas vous donner des motifs pour vous justifier. Cela doit faire partie de l’éducation des gens. Aussi, faire les ‘ibâdats dans sa propre maison doit encore moins poser problème…

Ajoutons au final, que le plus important d’un ‘ibâdat, c’est la sincérité pour celui ou celle qui adore. Et l’acceptation (qubouliyyat) de la part d’Allah qui est adoré. Qu’Allah nous compte parmi ses fidèles adorateurs (‘âbidîn) !