Question-Réponse n° 262

Peut-on apposer les versets du Coran sur les plaques des qabars ?

Question d’un frère de Chatou (78) : “J’ai l’intention de placer une plaque sur le qabr d’un parent et au vu de la panoplie des plaques qu’on constate au qabarastaan, pour la plupart exagérées, j’aurais aimé rester simple et sobre en ajoutant, avec le nom du défunt, un petit verset du Coran avec référence. Pouvez-vous me conseiller ?”

Réponse : Nous vous remercions d’accorder toute votre attention aux différents points qui suivent. Tout d’abord, vous avez bien raison quant au constat des plaques exagérées que l’on croise au qabarastaan. Ceci, est hélas une réalité dans les pays occidentaux, qui au fil des temps ont calqué, à tort, les tombes des cimetières non-musulmans.

En Islam, le qabr doit rester simple, recouvert de terre pour pouvoir planter (donc pas de couverture blindée ou hermétique à l’instar des tombes non-musulmans), avec encadrement simple à l’aide de roches si possible. Il est déconseillé d’orner, de décorer et de ‘surcharger’ les qabrs. A la base, en Islam, il n’y a même pas de plaque, comme on en trouve encore dans de nombreux pays musulmans, mais avec le temps, c’est le côté pratique qui a débouchée sur une plaque patronymique, pour faciliter le ziyârat, aidant ainsi les gens à retrouver la tombe qu’ils cherchent. Eventuellement avec le nom, on peut rajouter les dates de naissances ou de décès comme repères. Aussi l’Islam est également contre les épitaphes et les grandes poésies sentimentales sur les qabr.

Mais les ‘ulamas (savants) déconseillent d’y apposer les versets du Coran, par crainte du manque de respect des paroles d’Allah dans les endroits tels le qabarastaan. En effet, ces versets se retrouveraient sur des plaques proches du sol, d’où la terre et boue (en cas de pluie) sont susceptibles de les ‘salir’. Une plaque portant des versets sacrés tout comme un cadre, mérite d’être conservée propre, régulièrement nettoyée et entretenue. Un support avec des éléments sacrés devient lui aussi sacré.

Autre aspect du manque de respect envers des versets coraniques serait la hauteur à laquelle ces plaques sont placées. Déjà, les règles à la maison, au masjid (mosquée) ou ailleurs font que les versets du Quraan-sharîf sont conservés en hauteur plus haut que celui de nos parties privées lorsqu’on est debout. Cette notion de la conservation des versets coraniques par rapport à la hauteur se confirme par le saint Coran lui-même en ces termes : “Au contraire, ceci est le Coran sacré (glorifié). (Préservé) Sur une table gardée (lawhé-mahfouzh)”. [sourah 85, versets 21 & 22]

Le ‘lawhé-mahfouzh’ est une station au ciel où le Quraan-sharîf est préservé auprès d’Allah.

Sur les qabr, vue la hauteur des plaques (à même le niveau du qabr donc du sol) et lorsqu’on est debout en ziyârat, les versets sur ces plaques seraient plus bas que nos parties privées, donc manque de respect supplémentaire à nos textes sacrés.

Nous profitons de la présente question-réponse pour déplorer aussi, les autres choses que nous trouvons hélas sur les qabrs, comme les photos du défunt, images, dessins, ustensiles, objets-sacrés comme des tasbihs, ou encore des ornements et décorations exagérés.

Rappelons-nous enfin de ce ‘kalaam-é-hikmat’ (parole de sagesse) de nos spirituels qui dit : L’important d’un qabr, ce n’est pas son aspect extérieur mais c’est bien l’intérieur et le devenir du défunt dans l’au-delà…