Question-Réponse n° 289

Quel est le meilleur moyen pour remercier Allah suite à un bienfait ?

Question d’un frère de Sarcelles (95) : “Quel serait le meilleur moyen de remercier Allah sub’haanahu wata’ala quand on a eu des bonnes nouvelles comme de bons résultats pour ses examens etc. ?”

Réponse : Il y a là deux volets : En termes d’ibaadats, tous les moyens (explicités plus bas) sont bons pour remercier Allah ta’ala pour un bienfait de sa part qui nous arrive. Et par ailleurs le musulman doit toujours remercier son Seigneur, quoiqu’il en soit.

Premier volet : Celui de votre questionnement : Il s’agit du “Shukrânâ” (acte d’ibâdat de ‘remerciement’ à Allah), effectué lorsqu’il nous arrive un bienfait, attendu ou pas.

Toute forme d’ibâdat est bonne, telle que : Namaaz-nafil, lecture du Quraan-sharîf, récitation de wazîfah et surtout Swadaqah aux pauvres.

Le Namaaz nafil préconisé est appelé “Swalaatush-Shukrr”, fait en 2 raka’ats. Intention au cœur et dans le ‘niyyat’ on précisera “swalaata nafilis-shukrr” [avant “mutawwajjihann…”]. Et faire ses du’as de remerciements après le salaam, à l’issue du namaaz.

On peut aussi, toujours avec cette intention de remerciement, lire une certaine quantité du Quraan-sharîf et ensuite faire ses du’as de remerciements. Les sunnis organisent aussi les fameux ‘Khatam’ avec le niyyat du Shukrânâ, offrant à manger aux proches et aux pauvres.

Réciter tous les wazîfahs où figure les formules de ‘louanges’ (alhamdu-lillaah…), de ‘gloire’ (sub’haanallaah…) à Allah ta’ala. Parmi, le du’a spécial : “Alhamdu lillaahil-lazii bini’matihi tatimmus-swaalihaat” qui se traduit : “Louanges à Allah, celui qui par ses bienfaits, réalisent les bonnes choses” et aussi le du’a rituel : “Alhamdu lillaahi wash-shukru lillaah” qui veut dire : “Louanges à Allah et remerciement à Allah”. Ces wazifahs peuvent être récités ponctuellement, sur ces bienfaits, ou en quantité à l’aide d’un tasbîh.

Et surtout, offrir la Swadaqah aux pauvres, soit sous forme d’argent ou de nourriture. Allah nous recommande dans le saint-Coran en ces termes : “Ils offrent de la bonne nourriture, par amour à Lui [Allah], les pauvres, les orphelins et les prisonniers. «Certainement nous vous nourrissons pour la cause d’Allah, nous vous demandons pas [pour cela] de récompense ni de remerciement. Nous craignons de notre Seigneur, un jour terrible et catastrophique»” [sourah 76, versets 8, 9 & 10]

Il y a aussi toute forme de donation (khaÿrât) aux masjids (mosquées) telles que : Argent, objets-spirituels comme Quraan-sharîf, Tasbihs (chapelet), ‘Agarrbatthi’ (encens) ou encore objets-consommables comme Miswaak, serviettes etc.

Deuxième volet : Le musulman doit toujours remercier son Seigneur (Rabb) et ceci en permanence tout au long de sa vie et quelques soient les conditions de son existence. C’est l’essence même de la foi (îmân) en Allah, notre Créateur (Khâliq). Le saint-Coran regorge de versets de recommandation du ‘shukrr’ (remerciement) à Allah.

Selon un hadîth rapporté par Hazrat Abu Zhâr Ghaffâri , le Saint Prophète a dit : “Chacun de vous, à son réveil le matin, est redevable d’une aumône pour chacun de ses organes qu’il trouve en bonne santé”. [Muslim sharîf]

Le croyant (mu.minn) se doit de réciter les louanges à Allah ta’ala, même en cas de mauvaise nouvelle ou problème. L’ordonnancement est coranique : “Très certainement, nous vous éprouverons par la peur, de faim et de diminution de biens, de personnes et de fruits. Et fais la bonne annonce aux endurants, qui, quand un malheur les atteint, ils disent : «Certes nous sommes à Allah, et c’est à Lui que nous retournerons»”. [sourah 2, versets 155 & 156]. C’est le fameux wazîfah rituel de tous les musulmans : “Innaa lillaahi wa innaa ilaÿhi raaji’ounn”.

Il y a aussi le wazîfah préconisé est : “Alhamdu lillaahi ‘alaa kulli haall” qui se traduit : “Louanges à Allah en toute position (situation)”.

Enfin, la cerise sur le gâteau : Pour les amoureux du Saint Prophète , ces fameux “aashiq-é-rasoul”, parmi les Daroud-sharîfs, on trouve le fameux ‘Daroud-Swadaqah’, qui est un daroud spécial, à chaque fois récité, donne des récompenses comme-ci on a offert la swadaqah (nourri les pauvres), évidemment pour ceux qui n’ont pas les moyens d’offrir régulièrement la swadaqah.

Le ‘Daroud-Swadaqah’ se lis ainsi : “Allaahumma swalli ‘alaa sayyidinaa Muhammadin ‘abdika warasoulika wa swalli ‘alal mu.miniina wal mu.minaati wal muslimiina wal muslimaat” qui se traduit : “Ô Allah, envoie tes faveurs sur notre chef Muhammad, ton serviteur et ton messager et envoie les faveurs sur les croyants et croyantes et les musulmans et musulmanes (soumis et soumises à Allah)”

Lire parallèlement notre article sur la Swadaqah (icône Vie Pratique)

Volet subsidiaire sur le prénom “Shukrânâ”

Une famille chezdeenaute nous a contacté suite au questionnement ci-dessus sur la faisabilité de prénommer un bébé-fille “Shukrânâ” puisque ce mot les a émerveillé. Après analyse, comme annoncé, l’accord théologique a été favorablement donné selon l’approche suivante :

Le mot arabe “Shukrr” veut dire “Remerciement”. Mais sa déclinaison en prénom n’est pas vraiment nouveau car elle est déjà existante dans le monde arabe puisqu’on trouve tout-de-même le prénom “Shukri” (prénom masculin, pour ‘mon remerciement’ [malgré que le monde indien soit habitué avec la terminaison en ‘i’ pour prénoms féminins]) ou encore chez les maghrébins, avec la graphie “Chukri”.

En revanche, la déclinaison “Shukrânâ” pour “Notre remerciement” s’adjuge pour un prénom féminin, tellement rare qu’il donne un prénom quasi-nouveau. Mais à éviter la déclinaison “Shukriyâ” à connotation indienne/urdu pour un prénom, en vue de maintenir la démarche de sa racine arabe.

Mais ce prénom doit aussi revêtir un aspect spirituel à l’enfant et à son enseignement. Puisque le terme “Shukraanaa” est vue façon deen comme un acte d’ibâdat de remerciement à Allah ta’ala, il faudra expliquer à l’enfant qui grandit avec ce prénom, qu’il/elle va prendre dans ces habitudes d’effectuer beaucoup d’ibâdats de Shukrr à Allah ta’ala et tout le temps remercier Allah, à l’instar de l’appellation du namaaz-é-nafil “Swalaat-ush-Shukrr”. À noter aussi que, dans le cas concret, la famille qui nous a sollicité prénommera le bébé-fille : Bibi Sumayyah Shukrânâ, où Shukrâna ne serait pas le prénom usuel, mais ce qui dans l’absolu, n’empêche pas de l’être.

Pour revenir à l’extension de Shukrânâ en ‘notre remerciement’, on trouve analogiquement, certains mots arabes déclinés en utilisations patronymiques. Par exemple la racine du mot “Lumière”, “Nourr” ou “Noor” en arabe. Les déclinaisons patronymiques y sont nombreuses : Noor (lumière) pour garçon et fille, Nourî (ma lumière) pour fille, Noorinâ (notre lumière) pour fille, Anwâr (lumières, au pluriel) pour garçon, Munîr (qui éclaire) pour garçon et Munîrâ (éclairante) pour fille, Munawwar (éclairé) pour garçon, Munawwarâh (éclairée) pour fille. Ces prénoms sont assortis d’une restriction à Nouriyyah (éclairage) conseillé d’éviter.

Pour revenir au mot ‘Shukrr’, le couronnement est son extension la plus connue qui vient du nom d’Allah : “Shakourr” (Celui que l’on remercie), qui donne le prénom masculin ‘Abdush-Shakourr’ pour ‘Serviteur de Celui qu’on remercie’.