Question-Réponse n° 291

Peut t-on dire d’un mawlânâ vivant qu’il soit un “wali-Allah” ?

Question d’une sœur de Drancy (93) : “Un membre de mon entourage m’a récemment affirmé qu’un mawlânâ, toujours vivant de nos jours, est soit-disant un wali-Allah. Ça m’a tout-de-suite étonné car je trouve cela un peu prétentieux. Je l’ai juste répondu que je consulterai Chezdeen. Je me retourne donc vers vous pour des éclaircissements. Donc, peut t-on dire d’un mawlânâ vivant qu’il soit un Wali-Allah ?”.

Réponse : Votre étonnement est tout-à-fait justifié car, plusieurs points : Nul ne peut prétendre, d’une part, pour lui-même d’être un “wali-Allah” (ami-d’Allah) car la prétention est un poison contre les véritables valeurs spirituelles que sont la modestie et l’humilité. Parallèlement, nul n’a le droit d’affirmer qu’un tel soit un ‘wali-Allah’ car les vertus spirituels ne se bruitent pas, quel que soit le personnage concerné, au nom des mêmes valeurs précitées.

Question subsidiaire : “Comment savoir si une personne serait un Waliy ?”. À cette question, la réponse serait “Ce n’est pas notre affaire !” pour ne pas dire nos oignons, car l’amitié ou le degré d’amitié entre deux individus ne concerne que ces deux acteurs impliqués. À savoir, dans le terme “waliy-Allah” (ami-d’Allah), il y a un maître mot : “Allah” ! (Dieu). Donc, ami à qui ? – Allah ! Ainsi, par définition, il n’y qu’Allah et son waliy que cela concerne, et pas autrui.

Face à ces palabres d’autrui, n’oublions pas le dicton : “Ceux qui parlent ne savent pas. Mais ceux qui savent ne parlent pas.”

Maintenant plaçons-nous du côté des Sages et saints walis : Jadis, on considérait comme “wali-é-kâmil” (ami-authentique) un saint qui de son vivant aurait opéré des miracles (karâmats). On peut même citer le grand Mawlânâ Shâh ‘Abdul ‘Aleem Siddîqi [r.a.] qui réalisait des prodiges devant nos grands-parents. Il en était un de ces awliyâ-é-kâmil. On peut le clâmer ‘post-mortem’.

Mais dans la règle général, des grands saints parmi les ‘âlims (savants) et sages nous ont donné de grands exemples de modestie et d’humilité en ne jamais (en aucun cas) prétendre être saint (waliy). Loin de là, au contraire, ils se disaient même être des pêcheurs (gunehgârs).

De puissants “Pîr-ô-Murshid” (Guides-Spirituels) nous ont donnés beaucoup d’exemples interdisant à leurs disciples (murîds) de prétendre à quoique ce soit du genre sur eux (les guides), surtout de leur vivant. Ils n’aimaient pas les titres et les flatteries, considérés comme des obstacles sur la voie spirituelle du Tasawwuf (soufisme), qui est la voie de l’Amour d’Allah (Dieu), de Son Envoyé [s.a.w.] et Ses bien-aimés saints. Cependant, ces mêmes flatteries sont licites lorsque les éloges sont faits sur les walis, après leur wafât (décès) contant leurs prodiges. Conformément au hadîth qui stipule : « ‘Inda zikris-swâlihîna tanzilur-rahmah » (Où est fait les éloges des vertueux, les bénédictions descendent).

Notre ‘aqîdah (conviction) dit “Ahl-é-Sunnat-wal-Jama’at”, à la racine du Tasawwuf (soufisme) n’admet aucune forme de fanatisme (ta’asswib) où les fanatiques (muta’asswib) n’ont pas leur place. Ce sont des dangers contre la progression sur la voie spirituelle de l’islam, autrement dit “Hubbillaah”, la religion de l’Amour-d’Allah, l’Amour de Dieu.